Une tendance à la hausse des prélèvements d’eau pour l’irrigation
Les surfaces irrigables ont augmenté dans presque tous les départements du bassin entre 2010 et 2020.
Les prélèvements pour irrigation sont très variables d’une année sur l’autre car très dépendants des conditions climatiques. Néanmoins la tendance moyenne des prélèvements est à la hausse, selon le recensement agricole et les DREAL (directions régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement).
Certaines cultures consommatrices d’eau se sont développées sur le bassin : la surface allouée aux pommes de terre, souvent irriguées pour répondre aux critères de qualité du marché (calibre), a été multipliée par 1,5 en 10 ans, et le maïs, qui a des besoins en eau en période sèche (floraison en juillet-août), a vu sa surface augmenter de presque 20 % entre 2016 et 2020.
Des solutions pour la sobriété en eau en agriculture
Pour répondre à la baisse probable des ressources en eau, notamment en été, le développement de systèmes agricoles plus sobres en eau, grâce à des choix de productions plus résilientes et diversifiées et via des changements de pratiques est nécessaire. Des solutions ont été évoquées notamment lors du Varenne agricole de l'eau et de l'adaptation :
- Diversifier l’assolement et allonger les rotations permet de répartir le risque : si une sécheresse survient pendant un stade sensible pour une culture, d’autres seront potentiellement moins impactées.
Par ailleurs, associer céréales et légumineuses offre un bénéfice supplémentaire car cela accroit la résilience vis-à-vis des bioagresseurs et des besoins en azote.
- Sélectionner des cultures, variétés et races animales résistantes à la sécheresse. On cite souvent le sorgho comme plus résistant à la sécheresse que le maïs. Certaines variétés de blé tendre sont aussi plus résistantes au stress hydrique que d’autres.
En outre, travailler avec des variétés hétérogènes constituées de génotypes divers (« variétés population ») contribue à accroître la résilience de la parcelle, par rapport à des variétés homogènes sur le plan génétique (clones), ce qui représente un bénéfice complémentaire.
- Favoriser la rétention d'eau dans les sols et l’enracinement profond permet de faire jouer au sol son rôle d’ « éponge » en optimisant sa réserve utile : conforter la biodiversité du sol par un moindre recours aux phytosanitaires, éviter le tassement du sol et le travail en profondeur, installer un couvert végétal permanent ; autant de pratiques qui augmentent la teneur en matière organique du sol, augmentant ainsi sa capacité à retenir l’eau, et améliore sa structure.
Par ailleurs, le recours au mulch et autre paillage, la mise en place de haies, l’agroforesterie et le maintien d’arbres coupe-vent, sont des techniques qui limitent l’évaporation et conservent l’humidité dans le sol grâce aux racines et à l’ombrage.
Enfin la préparation du lit de semences et du profil cultural pour un enracinement rapide et dense est un élément clé des itinéraires techniques pour rendre les cultures plus résilientes aux aléas de précipitations.
- Privilégier un pilotage adapté en cas d’irrigation. Les mesures citées permettent de limiter le recours à l’irrigation. En cas d'irrigation, il convient d’adapter le pilotage (« bonne dose au bon moment »), voire le matériel d’irrigation (ex : matériel économe en eau comme le goutte à goutte) en prenant garde à l’"effet rebond" qui peut être observé à la suite de ce type d’investissement.
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(Sources : La stratégie d’adaptation au changement climatique du bassin Seine-Normandie, pages 12, 60, 61, et 103, Stratégie Adaptation Changement Climatique (2023)